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3 octobre 2020

ADEVA Villebéon - Association de Défense de l'Environnement de Villebéon et des Alentours

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Villebéon, le jeudi 28 mars à 20h03

Séance du Sénat du 25 octobre 2006

M. GERBAUD. — L'avenir des ressources énergétiques nous impose d'explorer toutes les possibilités existantes, éolien compris. Pour autant, une énergie renouvelable ne doit pas être parée de toutes les vertus écologiques, qui justifieraient son développement débridé. La question des nuisances environnementales que peuvent engendrer les énergies renouvelables doit être posée. Ainsi en est-il des éoliennes, objet des sollicitudes du marché comme des tentations faciles de collectivités territoriales. La multiplication des « fermes éoliennes » dans notre espace rural aboutit à une agression visuelle infligée au patrimoine paysager et au cadre de vie de toute une population.

Le dispositif élaboré par la loi d'orientation énergétique ne suffira pas à enrayer la frénésie d'implantation de ces mâts géants de 150 mètres de hauteur dont les alignements balafrent le paysage et troublent la quiétude des riverains, sans parler de la durée de vie relativement inconnue des installations et des garanties insuffisantes quant au coût de leur démantèlement.

L'ardent désir des communes et des E.P.C.I. d'accueillir des éoliennes sur leur territoire procède moins d'un quelconque zèle écologique que de l'attrait financier lié à ces installations. Mais dès lors que ce souci de rentabilité financière à court terme prend le pas sur la promotion des énergies nouvelles, il constitue un dévoiement qu'il faut corriger. Pourquoi ne pas instaurer un fonds départemental de soutien et d'assistance au développement des énergies renouvelables, alimenté pour l'essentiel par l'intégralité des recettes de taxe professionnelle issues de l'activité des éoliennes ? Ce fonds, géré par le conseil général, serait affecté à la promotion de toutes les énergies propres non fossiles, dans un souci réel et désintéressé de contribution à la diversification énergétique. Un tel mécanisme couperait court à des motivations financières sans rapport avec le développement durable, rationaliserait les décisions – le bénéfice réel de l'éolien n'est pas toujours évident.

Je suis très surpris que le gouvernement ait, contre l'avis de la commission de contrôle de l'énergie, pérennisé pour quinze ans l'obligation faite à E.D.F. de racheter l'électricité d'origine éolienne à un tarif très supérieur à sa valeur réelle. La promotion des énergies propres doit s'effectuer de façon équilibrée, sans omettre des ressources, biomasse, énergie tirée de la filière bois, qui n'agressent pas le paysage et recèlent de grandes potentialités, comme l'ont démontré les travaux de plusieurs sénateurs.

Mme OLIN, ministre de l'Écologie. — L'éolien est au cœur de nombreux débats. La France s'est engagée, au plan européen, à atteindre 21 % d'électricité d'origine renouvelable en 2010, pour contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi pour diversifier son bouquet énergétique et assurer son indépendance.

Nous n'en sommes aujourd'hui qu'à 13 % d'électricité d'origine renouvelable, essentiellement hydraulique. Or l'éolien est le moins cher, donc celui que nous devons privilégier.

La France a pris du retard sous les gouvernements précédents. Avec 900 mégawatts, nous sommes bien loin des 14 000 mégawatts de l'Allemagne, des 7 000 de l'Espagne, mais nous sommes entrés dans une phase de rattrapage très rapide ; le parc éolien a quintuplé depuis 2002.

Je suis quant à moi favorable à un développement volontaire et harmonieux de l'éolien en France, dans le respect de nos merveilleux paysages.

L'éolien fait partie du bouquet énergétique global. Je me soucie bien sûr des paysages et j'ai rencontré les associations de défense du patrimoine paysager, dont j'ai retenu plusieurs propositions.

La loi sur l'énergie de 2005 a apporté un progrès dans ce domaine ; le nouveau cadre réglementaire supprime le plafond de 12 mégawatts qui entraînait un mitage de l'éolien sur le territoire.

Les projets éoliens aidés devront être situés dans des zones de développement éolien qui seront définies au plan local, sur demande des communes, après une large concertation avec toutes les communes avoisinantes. Il en résultera une meilleure acceptation locale et un développement plus serein de l'éolien.

En juin dernier, M. Loos et moi-même avons adressé une circulaire aux préfets concernant les critères d'autorisation des zones de développement éolien. Nous demandons notamment des études paysagères.

Oui, il faut tenir compte de toutes les externalités environnementales et favoriser également toutes les formes d'énergies renouvelables. Les mesures annoncées par le Premier ministre pour les biocarburants, le nouveau tarif de rachat de l'électricité solaire, mais aussi les 30 millions d'euros par an de l'ADEME consacrés au bois-énergie vont dans ce sens.

Ces énergies renouvelables sont indispensables à la lutte contre le changement climatique ; elles sont aussi un formidable réservoir de créations d'emplois qualifiés.

M. GERBAUD. — La prolifération de l'éolien ne va pas s'interrompre et je le regrette. Les éoliennes sont des aspirateurs à illusions, et des ventilateurs à colère.

Les préfets se doivent d'être très vigilants car le saccage de nos paysages a commencé. La tentation d'Éole risque de déboucher sur un nouvel épisode de « la France défigurée ». (M. Pasqua apprécie.)

Source : www.senat.fr

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