Paris le 14 janvier 2008
Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République
Palais de l'Élysée
55-57 Faubourg Saint-Honoré
75008 PARIS
Monsieur le Président de la République,
A l'issue du Grenelle de l'environnement, vous avez bien voulu marquer votre refus d'un développement inconsidéré de l'énergie éolienne en affirmant : « Je suis contre une forme de précipitation qui se traduit par la dégradation de l'environnement. Nous ferons des éoliennes prioritairement sur les friches industrielles et loin des sites emblématiques ».
Les huit associations nationales, reconnues d'utilité publique, de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine bâti et paysager approuvent votre position. Elles souhaitent vous alerter sur la nécessité de mesures urgentes face à la gravité des menaces qui pèsent aujourd'hui sur les paysages de notre pays.
Bien qu'aucune statistique officielle n'existe dans ce domaine, les informations dont nous disposons permettent d'affirmer qu'aujourd'hui plusieurs milliers de projets d'implantation ont été déposés ou font l'objet d'études préliminaires.
Le nombre d'éoliennes en service pourrait donc décupler dans les prochaines années ce qui provoque l'inquiétude de nombreux défenseurs de l'environnement et suscite d'innombrables conflits locaux, ces engins étant de plus en plus imposants.
La raison de cette prolifération est claire : en ayant fixé le prix de rachat de l'électricité d'origine éolienne le 10 juillet 2006 à une valeur deux fois plus élevée que pour les autres sources d'électricité, l'État a créé un effet d'aubaine exceptionnel dont cherchent à profiter au plus vite les groupes financiers et industriels de tous bords. Tous prospectent avec acharnement les communes de France qui souvent croient tomber sur un pactole sans discerner les dommages que ces installations peuvent entraîner pour leur environnement. Le coût pour l'ensemble des consommateurs d'EDF à qui revient le privilège de régler le surprix payé à l'électricité d'origine éolienne, sera bientôt de plusieurs milliards d'euros.
Or, l'avantage consenti à l'électricité d'origine éolienne ne nous paraît pas justifié : les éoliennes ne fonctionnant en moyenne que 25 % du temps (ni par grand vent, ni par très grand froid), il est nécessaire de construire en relais des centrales thermiques créatrices de gaz à effet de serre. Ainsi, indirectement, l'électricité d'origine éolienne est une énergie renouvelable « sale », ce que ne sont ni la biomasse, ni l'énergie solaire.
Face à cette situation, nous vous demandons que deux décisions soient prises :
Nous pensons qu'ainsi sera évité que ce quinquennat soit marqué par une atteinte irrémédiable à des paysages qui forment une part essentielle de notre patrimoine national et auxquels les millions de visiteurs du monde entier sont attachés.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l'assurance de notre haute considération.