Le vent de tempête qui a soufflé sur le projet de ferme éolienne du Crêt Monniot, prévoyant quinze installations aux portes du Haut-Doubs, s'achève sur un coup de tonnerre : le dossier présenté par la Communauté de communes du canton de Montbenoît et la société Eole-Res vient de se voir notifier un refus explicite. La position exprimée par le nouveau préfet de région est sans ambiguïté.
Après l'avis favorable (avec réserves) exprimé par le commissaire de l'enquête d'utilité publique, le vent avait tourné notamment avec le rapport défavorable de la Diren (Direction régionale de l'environnement), et l'avis défavorable de la commission des sites intervenu en avril (par 6 voix contre 5 pour). Motif : impact paysager sur la vallée de la Loue.
Le préfet Rebière n'ayant pris de décision formelle, l'absence de signature de l'autorité préfectorale au terme du délai imparti pouvait passer pour un refus implicite.
La position affirmée hier par son successeur, Jacques Barthélémy, est, elle, des plus claires. « C'est un refus explicite et motivé », a-t-il précisé hier à Pontarlier.
« Dans cette situation, je ne pouvais que refuser. Il n'y avait pas le choix. Je ne me voyais pas aller à l'encontre du rapport de la Diren, quand il s'agit d'un site symbolique des beautés du paysage du Doubs et, qui plus, est classé, comme la vallée de la Loue. »
Le dossier des éoliennes du Crêt Monniot avait également subi un refus implicite de la part de la DDE, qui n'avait pas signé les permis de construire dans les délais. Le préfet a précisé que le promoteur se verrait notifier un refus. Enfin, M. Barthélémy pointe un oubli administratif : les communes susceptibles d'accueillir un parc éolien, à partir de deux installations, doivent obtenir la création d'une ZDE (Zone de développement éolien), soumis à accord préfectoral.
Ce qui n'a pas été fait par la Communauté de communes de Montbenoît. Cette procédure vise à s'assurer que trois conditions sont réunies : l'accord des maires, un consensus local, la certitude de l'absence d'impact paysager.
« Je comprends bien que les maires voient l'aspect financier, je comprends que cela puisse être intéressant pour des communes sans ressource. Mais il faut les mettre en garde, ce raisonnement ne peut être légitimement valable que tant qu'EDF achètera l'électricité. A partir de 2013, elle ne sera plus obligée de l'acquérir à prix bonifié. Cependant, nous ne sommes pas contre l'énergie éolienne, dans des sites qui s'y prêtent. Et, dans cette région, nous voulons soutenir et privilégier d'autres énergies renouvelables, comme la biomasse. »
Pierre DORNIER