S'il était un sujet qui ne semblait pas poser de problème aux membres du GENE (Groupe écologique de Nemours) qui planche sur de nombreux sujets avec le sérieux que l'on sait depuis plus de 25 ans et qui siège efficacement et de façon informelle au sein de nombreux syndicats communaux et intercommunaux, c'est bien celui de l'énergie éolienne. Les écologistes ont en effet toujours considéré avec bienveillance cette énergie décentralisée, renouvelable et non polluante.
Sollicités depuis plus d'un an pour donner leur avis et prendre position sur des projets d'implantation d'aérogénérateurs géants dans le sud du département, ses adhérents sont finalement partagés. Le point de vue du GENE s'est finalement construit en trois étapes : une confrontation des positions opposées lors d'une réunion de bureau ; la participation à plusieurs réunions de "pro" et "d'anti", la vision des divers films des uns et des autres et l'écoute de leur argumentaire ; une étude sérieuse du dossier, trois énormes cartons archives bourrés : presse locale et nationale, Ademe, Vent de Colère, fédération nationale de plus de 300 associations d'opposants, EDF, préfecture de Seine-et-Marne...
"Loin des petits projets permettant à des particuliers ou à de petites unités d'habitations d'acquérir une autonomie énergétique en combinant plusieurs sources (petit éolien, micro centrale hydroélectrique, solaire, biomasse...), les projets actuels sont de gros projets industriels destinés à fabriquer de l'électricité, non pour une consommation locale, mais pour la revendre, motivés uniquement par les gains énormes qu'ils vont générer", souligne le GENE qui argumentera sa position de façon plus approfondie dans un prochain "cahier du GENE" en cours de réalisation. "Sans l'obligation faite à EDF de racheter les Kw/h produits à un tarif fortement surévalué, (3 fois son prix - arrêté Cochet du 8 juin 2001 sur lequel il est lui-même partiellement revenu...), il n'y aurait nulle part de ces gigantesques aérogénérateurs.
"Basés sur une communication démagogique (les fermes éoliennes), à un moment historique où se pointent l'angoisse de la fin du "pétrole pas cher" et des mutations climatiques, les projets ont pour ambition de fleurir dans le sud Seine-et-Marne. Un document émanant de la préfecture a recadré le problème en établissant un inventaire des zones où les implantations pourraient être possibles. Les contraintes environnementales réduisent considérablement la forme et l'étendue des possibilités. Depuis un an, les projets naissent et disparaissent ici pour réapparaître là, au gré des faisabilités et des oppositions locales".
Enfin, après avoir abordé le problème de l'efficience des parcs éoliens, compte tenu des variations des vents, des pannes et de leur couplage inévitable avec des centrales thermiques rejetant du CO2..., le GENE souligne que la France est en situation de surproduction en énergie électrique et qu'elle a exporté 6,7 terawatts, soit 6.700 milliards de W vers plusieurs pays européens. Dénonçant une "affaire de gros sous", le GENE conclut ainsi : "Le rôle de l'administration se limite à juger la forme et la conformité des projets et non le fond. Il n'y aura aucune contrainte et aucune déclaration d'utilité publique".
Si les investisseurs et les constructeurs attendent le pactole et font tout pour séduire et convaincre les maires et leurs conseillers municipaux, le choix d'avoir des aérogénérateurs industriels près de chez soi, appartient aux populations. Mais c'est la moindre des choses, car ce sont elles qui seront appelées, ou non, à vivre à côté.